Comment concilier développement économique et durabilité ?

Le développement économique et la durabilité environnementale sont souvent perçus comme des objectifs contradictoires. Pourtant, concilier croissance et protection de l'environnement est devenu un impératif face aux défis climatiques et écologiques actuels. Cette approche, connue sous le nom de développement durable, vise à répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Elle repose sur trois piliers fondamentaux : économique, social et environnemental. De nombreuses stratégies émergent pour atteindre cet équilibre délicat entre prospérité économique et préservation des ressources naturelles. Les gouvernements, les entreprises et la société civile explorent de nouvelles voies pour créer de la valeur tout en réduisant l'empreinte écologique des activités humaines.

Investir dans les énergies renouvelables pour une croissance verte

Le secteur des énergies renouvelables connaît une croissance exponentielle et joue un rôle central dans la transition vers une économie plus durable. Selon l'Agence internationale de l'énergie, les investissements mondiaux dans les énergies propres ont atteint 1 100 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 12% par rapport à l'année précédente. Cette dynamique s'explique par la baisse continue des coûts de production, notamment pour le solaire photovoltaïque et l'éolien terrestre, qui sont devenus compétitifs par rapport aux énergies fossiles dans de nombreuses régions du monde. Les gouvernements mettent en place des politiques incitatives pour accélérer le déploiement des renouvelables, comme des tarifs de rachat garantis ou des objectifs contraignants de part d'énergies propres dans le mix énergétique national.

Le développement des énergies renouvelables génère également de nombreux emplois qualifiés. D'après l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), le secteur employait plus de 12 millions de personnes dans le monde en 2020, un chiffre en constante progression. Les pays émergents bénéficient particulièrement de cette dynamique, avec la Chine, le Brésil et l'Inde en tête des créations d'emplois dans ce domaine. Au-delà des aspects économiques, l'essor des énergies propres contribue à améliorer la qualité de l'air et à réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique. Le remplacement progressif des centrales à charbon par des installations solaires ou éoliennes permet de limiter la pollution atmosphérique, source de nombreux problèmes de santé publique.

Les progrès technologiques ouvrent de nouvelles perspectives pour accroître la part des renouvelables dans le mix énergétique mondial. Le développement du stockage de l'électricité, notamment grâce aux batteries lithium-ion dont les prix ont chuté de 89% entre 2010 et 2020, permet de pallier l'intermittence de certaines sources comme le solaire ou l'éolien. L'hydrogène vert, produit par électrolyse de l'eau à partir d'électricité renouvelable, offre des possibilités de décarbonation pour des secteurs difficiles à électrifier comme l'industrie lourde ou les transports longue distance. Des projets pilotes émergent dans plusieurs pays pour tester la production et l'utilisation à grande échelle de ce vecteur énergétique prometteur.

Malgré ces avancées, des défis persistent pour généraliser l'adoption des énergies renouvelables. L'intégration de grandes quantités d'électricité intermittente dans les réseaux électriques nécessite des investissements conséquents dans les infrastructures de transport et de distribution. La question de l'approvisionnement en matériaux critiques, comme les terres rares utilisées dans les aimants des éoliennes, soulève des enjeux géopolitiques et environnementaux. Le recyclage des équipements en fin de vie, notamment les panneaux solaires et les pales d'éoliennes, représente un autre défi à relever pour garantir la durabilité de la filière sur le long terme. Des efforts de recherche et développement sont nécessaires pour améliorer l'efficacité des technologies existantes et explorer de nouvelles pistes comme l'énergie marine ou la fusion nucléaire.

Stratégies d'économie circulaire pour les entreprises responsables

L'économie circulaire propose un modèle alternatif au schéma linéaire traditionnel "extraire-produire-consommer-jeter". Elle vise à découpler la croissance économique de l'épuisement des ressources naturelles en optimisant l'utilisation des matières premières et en réduisant la production de déchets. Ce concept gagne du terrain auprès des entreprises qui y voient un moyen de réduire leurs coûts, d'innover et de répondre aux attentes croissantes des consommateurs en matière de responsabilité environnementale. La mise en œuvre de stratégies d'économie circulaire nécessite de repenser l'ensemble de la chaîne de valeur, depuis la conception des produits jusqu'à leur fin de vie.

Optimiser l'utilisation des ressources naturelles

L'optimisation de l'utilisation des ressources naturelles constitue un pilier fondamental de l'économie circulaire. Les entreprises adoptent des démarches d'éco-conception pour créer des produits plus durables, réparables et recyclables. L'analyse du cycle de vie permet d'identifier les étapes les plus consommatrices en ressources et de cibler les améliorations prioritaires. L'utilisation de matériaux biosourcés ou recyclés se généralise dans de nombreux secteurs industriels. Par exemple, l'industrie automobile intègre une part croissante de plastiques recyclés dans la fabrication des véhicules. Certains constructeurs comme Renault se sont fixé l'objectif d'atteindre 33% de matériaux recyclés dans leurs nouveaux modèles d'ici 2030. La réduction de la consommation d'eau et d'énergie dans les processus de production fait également l'objet d'efforts soutenus, avec le déploiement de technologies plus efficientes et la récupération de chaleur fatale.

L'économie de la fonctionnalité, qui consiste à vendre l'usage d'un bien plutôt que le bien lui-même, permet d'intensifier l'utilisation des produits et d'allonger leur durée de vie. Des entreprises comme Michelin proposent ainsi des services de gestion des pneumatiques aux transporteurs routiers, facturés au kilomètre parcouru. Ce modèle incite le fabricant à concevoir des produits plus durables et à optimiser leur maintenance. Dans le secteur du textile, des marques comme Mud Jeans louent leurs jeans aux consommateurs et les récupèrent en fin de vie pour recycler les fibres. Ces nouveaux modèles économiques permettent de découpler la création de valeur de la consommation de ressources, tout en fidélisant les clients grâce à une relation de service durable.

Réduire les déchets générer par l'activité

La réduction des déchets à la source constitue un axe majeur des stratégies d'économie circulaire. Les entreprises mettent en place des systèmes de gestion des déchets plus performants, avec un tri sélectif poussé pour maximiser la valorisation des matières. L'éco-conception des emballages permet de réduire les volumes de déchets générés tout au long de la chaîne logistique. Des enseignes de la grande distribution comme Carrefour ou Leclerc développent la vente en vrac pour limiter les emballages à usage unique. Dans l'industrie agroalimentaire, la lutte contre le gaspillage alimentaire mobilise l'ensemble des acteurs de la filière. Des applications comme Too Good To Go mettent en relation commerçants et consommateurs pour écouler les invendus à prix réduits.

Le secteur du bâtiment, gros producteur de déchets, s'oriente vers des pratiques plus vertueuses. Le réemploi des matériaux issus de la déconstruction se développe, notamment pour les éléments de second œuvre comme les menuiseries ou les revêtements de sol. Des plateformes numériques facilitent la mise en relation entre chantiers de démolition et projets de construction pour favoriser ces échanges. La préfabrication hors site permet également de réduire les chutes de matériaux sur les chantiers. Dans l'industrie manufacturière, l'optimisation des process de production et la réutilisation des rebuts en interne contribuent à diminuer la quantité de déchets générés. Certaines entreprises parviennent même à atteindre l'objectif "zéro déchet" en valorisant l'intégralité de leurs sous-produits.

Favoriser le recyclage des matériaux utilisés

Le recyclage des matériaux en fin de vie joue un rôle crucial dans la transition vers une économie circulaire. Les filières de recyclage se structurent progressivement pour traiter des volumes croissants de déchets et améliorer la qualité des matières recyclées. L'éco-organisme Citeo, qui gère la collecte et le recyclage des emballages ménagers en France, a permis d'atteindre un taux de recyclage de 68% en 2020. Des progrès restent à faire pour certains matériaux comme les plastiques, dont seuls 27% sont recyclés au niveau européen. Des technologies innovantes émergent pour recycler des matériaux complexes comme les textiles ou les batteries lithium-ion. L'entreprise finlandaise Spinnova a ainsi mis au point un procédé pour transformer la cellulose du bois en fibres textiles recyclables à l'infini.

L'incorporation de matières recyclées dans la fabrication de nouveaux produits se généralise dans de nombreux secteurs. L'industrie papetière utilise majoritairement des fibres recyclées, avec un taux d'utilisation de 59% en Europe en 2020. Dans la sidérurgie, la filière de recyclage de l'acier est bien établie et permet de réduire significativement les émissions de CO2 par rapport à la production primaire. Le groupe ArcelorMittal s'est fixé l'objectif d'utiliser 25% de ferrailles recyclées dans sa production d'acier d'ici 2025. Le recyclage chimique des plastiques, qui permet de décomposer les polymères en leurs monomères de base, ouvre de nouvelles perspectives pour recycler des matériaux jusqu'ici difficiles à valoriser. Des entreprises comme Loop Industries ou Carbios développent des procédés innovants dans ce domaine, suscitant l'intérêt des grands groupes de l'agroalimentaire et de la cosmétique.

Innovations technologiques au service du développement durable

Les avancées technologiques jouent un rôle déterminant dans la transition vers un modèle de développement plus durable. L'intelligence artificielle et l'internet des objets permettent d'optimiser la gestion des ressources et de réduire les gaspillages dans de nombreux domaines. Dans le secteur agricole, l'agriculture de précision utilise des capteurs et des drones pour ajuster finement les apports en eau et en intrants, limitant ainsi leur impact environnemental. Les smart grids ou réseaux électriques intelligents facilitent l'intégration des énergies renouvelables intermittentes et une gestion plus efficace de la demande. Les technologies industrielles évoluent rapidement pour réduire la consommation d'énergie et de matières premières des processus de production.

Les technologies de capture et stockage du carbone (CSC) suscitent un intérêt croissant pour décarboner les industries lourdes comme la sidérurgie ou la cimenterie. Le projet Northern Lights en Norvège vise ainsi à stocker jusqu'à 5 millions de tonnes de CO2 par an sous le fond marin de la mer du Nord d'ici 2024. Dans le domaine des transports, le développement des véhicules électriques et à hydrogène s'accélère pour réduire les émissions du secteur. Les progrès dans la chimie des batteries permettent d'augmenter leur autonomie et de réduire leur coût, rendant ces solutions plus compétitives face aux motorisations thermiques. La startup américaine QuantumScape a annoncé la mise au point d'une batterie solide offrant une densité énergétique deux fois supérieure aux batteries lithium-ion actuelles.

Les biotechnologies ouvrent également de nouvelles perspectives pour une production plus durable. La biologie de synthèse permet de créer des micro-organismes capables de produire des molécules d'intérêt à partir de ressources renouvelables. L'entreprise française Global Bioenergies a ainsi développé un procédé de production d'isobutène biosourcé, utilisable dans la fabrication de carburants ou de plastiques. Les matériaux biosourcés et biodégradables se développent pour remplacer les plastiques d'origine fossile. La startup néerlandaise Avantium a mis au point un polymère 100% végétal, le PEF, qui pourrait concurrencer le PET dans les emballages alimentaires. Les innovations dans le domaine des matériaux avancés permettent également de réduire l'empreinte environnementale de nombreux produits. Les composites à base de fibres naturelles comme le lin ou le chanvre trouvent des applications dans l'automobile ou l'aéronautique pour alléger les structures.

Le numérique joue un rôle ambivalent dans la transition écologique. S'il permet d'optimiser de nombreux processus, son propre impact environnemental soulève des inquiétudes. La consommation énergétique des centres de données et des réseaux de télécommunication augmente rapidement avec l'explosion des usages. Des efforts sont menés pour améliorer l'efficacité énergétique des infrastructures numériques, avec par exemple le refroidissement naturel des datacenters ou l'utilisation de fibres optiques moins énergivores. Le développement de l'informatique quantique pourrait à terme permettre des avancées majeures dans la modélisation des phénomènes complexes, facilitant la recherche de nouveaux matériaux ou de molécules pour la transition énergétique. Google a ainsi annoncé en 2019 avoir atteint la "suprématie quantique" avec un processeur capable de réaliser en quelques minutes un calcul qui prendrait 10 000 ans à un superordinateur classique.

Mesures incitatives pour encourager les pratiques écoresponsables

Les gouvernements et institutions mettent en place divers mécanismes pour favoriser l'adoption de pratiques plus durables par les acteurs économiques. Ces dispositifs visent à orienter les comportements vers des solutions respectueuses de l'environnement, tout en stimulant l'innovation et la création d'emplois dans les filières vertes. L'efficacité de ces politiques repose sur une combinaison d'incitations positives et de réglementations, adaptée aux spécificités de chaque secteur d'activité.

Subventions pour les projets durables innovants

Les aides financières directes constituent un levier puissant pour soutenir l'émergence de projets innovants en matière de durabilité. En France, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) joue un rôle central dans le financement de la transition écologique. En 2021, l'ADEME a alloué 3,2 milliards d'euros de subventions à plus de 5 000 projets, couvrant des domaines tels que l'efficacité énergétique, l'économie circulaire ou la mobilité durable. Le programme Horizon Europe de l'Union européenne consacre quant à lui 35% de son budget total de 95,5 milliards d'euros pour la période 2021-2027 à des actions en faveur du climat et de l'environnement.

Ces subventions ciblent particulièrement les technologies de rupture susceptibles d'accélérer la décarbonation de l'économie. Par exemple, le fonds français pour l'innovation de rupture, doté de 10 milliards d'euros, soutient des projets ambitieux dans des domaines comme le stockage de l'énergie, l'hydrogène vert ou les matériaux biosourcés. Au niveau européen, le Fonds pour l'innovation, alimenté par les revenus du système d'échange de quotas d'émission, prévoit de mobiliser 10 milliards d'euros d'ici 2030 pour financer des technologies bas-carbone innovantes.

Les collectivités territoriales complètent ces dispositifs nationaux et européens par des aides adaptées aux enjeux locaux. La région Occitanie a ainsi lancé en 2020 un appel à projets "Economie circulaire dans le BTP" doté de 4 millions d'euros pour soutenir des initiatives innovantes de réemploi et de recyclage des matériaux de construction. Ces subventions permettent de réduire le risque financier associé au développement de nouvelles solutions durables, facilitant leur passage à l'échelle industrielle.

Avantages fiscaux liés aux investissements verts

La fiscalité constitue un autre instrument privilégié pour orienter les investissements vers des activités plus respectueuses de l'environnement. De nombreux pays ont mis en place des incitations fiscales pour encourager la rénovation énergétique des bâtiments, l'achat de véhicules propres ou l'installation d'équipements de production d'énergie renouvelable. En France, le crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE) a permis de soutenir plus de 1,4 million de ménages dans leurs travaux de rénovation en 2019, pour un coût fiscal de 1,7 milliard d'euros.

Dans le domaine de l'investissement productif, l'amortissement accéléré des équipements favorables à l'environnement permet aux entreprises de réduire leur charge fiscale à court terme. Cette mesure s'applique par exemple en France aux véhicules électriques ou hybrides rechargeables utilisés par les entreprises, avec un amortissement possible sur 12 mois au lieu de 5 ans pour les véhicules thermiques. Certains pays comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni ont également mis en place des systèmes de taxe carbone assortis de mécanismes de redistribution, incitant les entreprises à réduire leurs émissions tout en préservant leur compétitivité.

Les investissements dans les énergies renouvelables bénéficient souvent d'un traitement fiscal avantageux. Aux États-Unis, le Production Tax Credit (PTC) a joué un rôle déterminant dans l'essor de l'éolien terrestre, en offrant un crédit d'impôt proportionnel à la production d'électricité verte. L'Investment Tax Credit (ITC) a quant à lui soutenu le déploiement du solaire photovoltaïque en permettant de déduire jusqu'à 30% des coûts d'investissement. Ces dispositifs ont contribué à faire baisser les coûts de production des énergies renouvelables, les rendant compétitives par rapport aux énergies fossiles dans de nombreuses régions.

Labels récompensant l'engagement environnemental des entreprises

Les labels et certifications environnementales jouent un rôle croissant dans la valorisation des démarches écoresponsables des entreprises. Ces distinctions, délivrées par des organismes indépendants ou des autorités publiques, permettent aux consommateurs et investisseurs d'identifier les acteurs les plus performants en matière de durabilité. Elles incitent les entreprises à améliorer continuellement leurs pratiques pour conserver leur avantage concurrentiel. La multiplication des référentiels nécessite cependant une harmonisation pour garantir leur crédibilité et leur lisibilité.

Le label B Corp, créé en 2006 aux États-Unis, s'est imposé comme une référence internationale pour évaluer l'impact sociétal et environnemental des entreprises. En 2021, plus de 4 000 entreprises dans 77 pays étaient certifiées B Corp, dont 150 en France. Pour obtenir cette certification, les entreprises doivent atteindre un score minimal de 80 points sur 200 dans des domaines tels que la gouvernance, les pratiques sociales, l'impact environnemental et l'engagement communautaire. Le processus d'évaluation rigoureux, renouvelé tous les trois ans, pousse les entreprises à progresser continuellement. Des marques comme Patagonia, Danone ou The Body Shop ont ainsi fait de leur certification B Corp un argument marketing fort.

En France, le label Engagé RSE délivré par l'AFNOR évalue la maturité des démarches de responsabilité sociétale des entreprises selon la norme ISO 26000. Ce référentiel couvre sept questions centrales : la gouvernance, les droits de l'homme, les relations et conditions de travail, l'environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs et les communautés et le développement local. En 2021, plus de 500 organisations étaient labellisées Engagé RSE, représentant tous les secteurs d'activité. Le label comporte quatre niveaux de maturité (initial, progressif, confirmé, exemplaire) permettant aux entreprises de valoriser leur progression. Des groupes comme La Poste ou Bpifrance ont ainsi obtenu le niveau exemplaire, témoignant de leur engagement avancé en matière de RSE.

Dans le domaine de la construction, le label BBCA (Bâtiment Bas Carbone) vise à valoriser les bâtiments neufs ou rénovés dont l'empreinte carbone est particulièrement faible. Lancé en 2016, ce label prend en compte les émissions de CO2 liées à la construction, à l'exploitation et à la fin de vie du bâtiment. Il encourage l'utilisation de matériaux biosourcés, la sobriété énergétique et l'économie circulaire dans le secteur immobilier. En 2021, plus de 200 bâtiments totalisant 1,5 million de m² étaient labellisés BBCA en France. Le promoteur Bouygues Immobilier s'est par exemple engagé à ce que 30% de sa production soit labellisée BBCA d'ici 2030.

  • Critères d'évaluation des labels environnementaux :
    • Empreinte carbone et consommation d'énergie

    • Gestion des déchets et économie circulaire
    • Préservation de la biodiversité
    • Conditions de travail et engagement sociétal
    • Gouvernance et transparence

Le secteur agroalimentaire bénéficie également de labels spécifiques pour valoriser les pratiques durables. Le label HVE (Haute Valeur Environnementale) certifie les exploitations agricoles engagées dans des démarches respectueuses de l'environnement. Basé sur des indicateurs de performance environnementale, il évalue la préservation de la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de l'irrigation. En 2021, plus de 19 000 exploitations françaises étaient certifiées HVE, couvrant 7% de la surface agricole utile du pays. Des marques comme Bonduelle ou Lesieur s'approvisionnent de plus en plus auprès d'exploitations labellisées HVE pour répondre aux attentes des consommateurs en matière d'agriculture durable.

Partenariats public-privé en faveur du développement soutenable

Les collaborations entre acteurs publics et privés se multiplient pour relever les défis du développement durable. Ces partenariats permettent de mutualiser les ressources, les compétences et les réseaux pour mener à bien des projets d'envergure. Ils favorisent également le partage des risques et l'innovation, tout en garantissant la prise en compte de l'intérêt général. La diversité des formes de collaboration, allant du simple échange d'expertise à la création de structures communes, offre une grande flexibilité pour s'adapter aux spécificités de chaque territoire et secteur d'activité.

Collaboration entre gouvernements ONG entreprises citoyens

La complexité des enjeux environnementaux nécessite une approche multipartite impliquant l'ensemble des acteurs de la société. Les pouvoirs publics jouent un rôle de catalyseur en créant des cadres de concertation et en fixant des objectifs ambitieux. Le Grenelle de l'environnement, organisé en France en 2007, a ainsi réuni représentants de l'État, collectivités locales, ONG, employeurs et salariés pour définir une feuille de route commune en matière de développement durable. Cette démarche a abouti à l'adoption de plusieurs lois structurantes, comme la loi Grenelle I en 2009 et la loi Grenelle II en 2010, fixant des objectifs chiffrés dans des domaines tels que l'efficacité énergétique des bâtiments ou la réduction des déchets.

Les ONG apportent leur expertise technique et leur capacité de mobilisation citoyenne aux projets de développement durable. L'alliance entre le WWF et Michelin, initiée en 2015, vise par exemple à promouvoir une production de caoutchouc naturel plus responsable. Ce partenariat a permis de développer une plateforme mondiale pour la durabilité du caoutchouc naturel, regroupant producteurs, transformateurs et utilisateurs. En 2020, cette initiative couvrait 49% de la production mondiale de caoutchouc naturel. Les entreprises s'engagent de leur côté à adapter leurs pratiques et à investir dans des solutions innovantes. Le groupe Danone a ainsi créé en 2017 le fonds Livelihoods, doté de 95 millions d'euros, pour soutenir des projets d'agroforesterie et de restauration d'écosystèmes impliquant les communautés locales.

L'implication des citoyens dans les démarches de développement durable se concrétise notamment à travers des initiatives de science participative. Le programme Vigie-Nature, piloté par le Muséum national d'Histoire naturelle, mobilise plus de 15 000 observateurs bénévoles pour suivre l'évolution de la biodiversité en France. Les données collectées alimentent des travaux de recherche et contribuent à orienter les politiques de conservation. Dans le domaine de l'énergie, le développement des communautés énergétiques citoyennes permet aux habitants de s'impliquer directement dans la transition énergétique de leur territoire. En Allemagne, plus de 1 700 coopératives citoyennes produisent de l'électricité renouvelable, représentant une capacité installée de 2,9 GW en 2020.

Financement conjoint d'initiatives écologiques d'envergure

Le financement des projets de grande ampleur en faveur du développement durable nécessite souvent la mobilisation conjointe de fonds publics et privés. Les partenariats public-privé (PPP) permettent de répartir les risques et les bénéfices entre les différentes parties prenantes, tout en garantissant la prise en compte de l'intérêt général. Dans le domaine des énergies renouvelables, le projet éolien offshore de Dogger Bank au Royaume-Uni illustre cette approche. Ce parc de 3,6 GW, le plus grand au monde, bénéficie d'un investissement de 9 milliards de livres sterling porté par un consortium associant les énergéticiens SSE Renewables et Equinor, ainsi que la banque publique d'investissement Green Investment Group.

Les institutions financières internationales jouent un rôle clé dans le financement de projets durables d'envergure, en particulier dans les pays en développement. La Banque mondiale a ainsi engagé 83 milliards de dollars entre 2016 et 2020 pour soutenir des initiatives liées au climat. Le Fonds vert pour le climat, créé sous l'égide de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, mobilise quant à lui des financements publics et privés pour des projets d'atténuation et d'adaptation au changement climatique. En 2021, le Fonds avait approuvé 177 projets pour un montant total de 8,4 milliards de dollars, générant 30,3 milliards de dollars de co-financements.

Les obligations vertes constituent un autre outil de financement en plein essor pour les projets environnementaux. En 2020, les émissions mondiales d'obligations vertes ont atteint 290 milliards de dollars, soit une augmentation de 9% par rapport à 2019 malgré la pandémie de Covid-19. La France est le troisième émetteur mondial d'obligations vertes, avec un encours de 124 milliards d'euros fin 2020. L'État français a émis sa première obligation verte souveraine en 2017, levant 7 milliards d'euros pour financer des projets liés à la transition écologique. Les collectivités locales s'emparent également de cet outil, comme la région Île-de-France qui a émis 6,8 milliards d'euros d'obligations vertes et responsables entre 2012 et 2021 pour financer des projets de transport en commun, de rénovation énergétique ou de préservation de la biodiversité.

Partage de connaissances bonnes pratiques durables

Le partage d'expertise et de retours d'expérience entre acteurs publics et privés contribue à accélérer la diffusion de pratiques durables. Les plateformes collaboratives jouent un rôle croissant dans cette dynamique d'échange. L'initiative Science Based Targets (SBTi), lancée en 2015 par le CDP, le Pacte mondial des Nations unies, le World Resources Institute et le WWF, accompagne les entreprises dans la définition d'objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre alignés sur les recommandations scientifiques. En 2021, plus de 1 000 entreprises dans le monde avaient validé leurs objectifs auprès de la SBTi, représentant une capitalisation boursière combinée de 20 000 milliards de dollars.

Les réseaux d'échange entre collectivités territoriales favorisent la diffusion de bonnes pratiques en matière de développement durable. En France, le réseau des Territoires à énergie positive (TEPOS) regroupe plus de 100 collectivités engagées dans une démarche de transition énergétique ambitieuse. Ces territoires visent à réduire leurs besoins d'énergie au maximum par la sobriété et l'efficacité énergétiques, et à les couvrir par les énergies renouvelables locales. Le partage d'expériences au sein du réseau permet d'accélérer la mise en œuvre de solutions concrètes, comme le développement de filières locales de rénovation énergétique ou la création de sociétés d'économie mixte pour porter des projets d'énergies renouvelables citoyennes.